mardi 21 juillet 2015

Petit gnon d'Avignon



Petit gnon d'Avignon


Il en fait trop
Py
A Avignon
Trop traducteur
Trop directeur
Trop prometteur en scène

Il est ainsi
Py
Epars éparpillé
S'éparpillant
Aux quatre vents qui volent
Aux coins des cours
D'honneur
Lors est guetté
Py
D'entropie
Ce mécanisme
Connu des chimistes
Des physiciens
Des philosophes
Et des baudruches


« Le Roi Lear », traduction et mise en scène de Olivier Py
 ouvre le festival d'Avignon 2015

lundi 20 juillet 2015

Kulîk le Kurde



Kulîk



Depuis trois ans Kulîk croyait
Advenu un pays
Pour des frères et soeurs citoyens
Un pays où se sentir soi
Sous le ciel tendu le soir
De draps de neige

Un pays dur certes
Gens arides
Sourcilleux butés
Surévaluant l'honneur
Désavouant leurs femmes
Quand elles aiment
A regarder le ciel et ses couleurs changeantes
Un pays qui pourrait changer
Car il n'y a pas qu'à Canaan
Que coulent le lait et le miel

Kulîk voit un homme
Emprisonné sur une île
Un homme qui se bat du fond de sa cellule
Comme jadis Nazim Hikmet
Qui croyait si fort à l'avenir
Qu'il écrivit en prison des vers magnifiques

Kulîk n'en veut à personne
Aux Turcs aux Arméniens
Ou à quiconque
Il veut du repos
Mais la Syrie s'est levée
Assad a réprimé
Fleurissant l'exode
Ravageant l'espace
Arc-boutant les confessions
Brouillant la mosaïque

Sans choix
Kulîk et les siens
Ont pris les armes
Seuls à Kobané ou Afrine
Le grand Turc s'est fâché
Double jeu a joué
Coupant le fil à l'émissaire de l'île
Bombardant l'avant-garde
Provoquant à tout-va
Elections attentats
Pour extirper déraciner arracher
La fleur au coeur de Kulîk

 
Juillet 2015, la Turquie intervient en Syrie

jeudi 16 juillet 2015

Un homme attend



Un homme attend


A Athènes un homme attend
devant une banque
Sa chemise est ouverte le ciel pommelé
Le nephos en embuscade sur la ville
Il a crié hier soir
Sur la place
Sa voix est éteinte maintenant
Avec les mains il l'explique
A la femme derrière lui
File à deux ils font s'ennuient
Même âge se dit-il mêmes rides
Dans la vitrine
Ils courbent pareil la nuque le dos les reins


L'aphonie le gêne il regarde la femme
Elle a quelque chose dans l’œil
Un gris de mer montante
Un bleuté d'escalier
Un paillage fuchsia
Un bruit de chaîne
L'employé ouvre disparaît
Inquiet du serpent sur le trottoir
L'homme n'y fait pas attention
Il ne voit qu'elle
Il s'efface
Elle passe
Soixante euros chacun
Ils quittent la file et
Main dans la main
Et filent


Juin 2015, la Grèce endettée

vendredi 10 juillet 2015

Calcul



Calcul
(« ...et vous avez raison il faut honorer
la mémoire de ... »)


L'homme lève la main à l'adresse de ses camarades
Pour demander au nom de la France
D’une certaine idée de la France
De se lever

En silence ils se lèvent
Pour ce gain électoral
D'une miette
Ils se lèvent
Liés aux basques
D'un comploteur roué

L'homme demande à ses camarades
De citer sa mémoire
D'honorer ses réseaux
De blanchir
Affidés trahisons coups bas
De dire
Aux enfants du pays
Sois celui-ci

Certains lacs ont une telle clarté
Qu'on s'y baigne d'insouciance
Mais plonge-t-on sous la surface
Que le froid saisit et révèle
Un monstre à écailles qui
Longtemps
Hante nos nuits

Intervention du premier ministre à l'assemblée nationale le 30 juin 2015

Sniper



Sniper


Sniper


Soudain
Tu n'es plus là
Fauchée par un gamin
Qui se croit grand
Avec son joujou de métal

Tu tombes
Le monde bascule
Dans un puits
Sans fin
Que tes cris
Aux miens mêlés

Soudain
Tu es là
Blanche
Pâle de vie retirée
La vie s'enfuit
La vie commence
En cauchemar
La vie sans toi
Fauchée d'un index
Coincé dans une meurtrière


Partout depuis les guerres de Bosnie, le héros du désastre

Eddy



Eddy


En note bleue
De pie
Eddy
Tu es parti
Habiller le clavier
Des anges
Cette fois
Eddy
Tout est dit


Eddy LOUISS, 2 mai 1941- 30 juin 2015

jeudi 2 juillet 2015

Bachar

Bachar


Comment se passent tes nuits
Bachar
Quelle encre coule de ton ciel de lit

Je pense
A cette guerre
J'imagine tes jours
Je plains tes nuits
Souffres-tu

Que d'ennemis
On te jette au visage
Je comprends
Que tu boues
Bachar
Devant ces opposants
Ce califat
Si peu d'amis
Bachar
Vladimir la Chine
Dont la main fraternelle
T'étranglera demain

Dans mes nuits
Hachées zébrées
Je tremble pour les tiennes
Au cours trop doux
Car tu dors
Bachar
Indifférent aux cris
Aux grincements des geôles
A l'odeur des charniers
A la peur
Où clapote ton peuple
Pour son bien
Tu te tues à lui dire
Gardes confiance Bachar
Il finira par comprendre



Guerre civile syrienne, décembre 2011