dimanche 18 octobre 2015

Un dimanche à Paris



Un dimanche à Paris




Doublé le réveil j'ai filé par les aiguilles
Fait le café avant l'aurore noir pour noir
Pris le temps sur les tomettes
D'écarteler mon corps

Cours mon corps dévale l'escalier
Dépasse dans la rue la blanche synagogue
En phase avec le bitume
Tes pas triomphent de la République
Vers Bastille s'enquillent
Jusqu'à la Cinémathèque

Scorcese s'y expose
Un écorché de cinéaste
Ragazzo de Manhattan
Qui filme
Les rues comme des rings
Les saisons comme des souffles
Les anges comme des buffles
Laissant un peu de sang
Perler sous l'été

Paris me reprend
Paris bijou Paris clarté
En bord de Seine un café
Il fait frais
Foulard noué pieds souples
Devant moi la beauté
D'une infinie journée




Exposition Martin Scorcese,
Cinémathèque Paris, octobre 2015- février 2016

vendredi 16 octobre 2015

Polymorphie





la voix dit le silence, la noirceur de l'espoir
en prison la voix est un caillou roulé sous la langue parlée à tout le monde ici
et là

la voix dit des poèmes écorchés, des lettres suppliciantes, des poses pas résignées
l'espace irréel de la cellule humanise jusqu'au rat

les cuivres rythment le temps-paradoxe du prisonnier
vacant découpé sans cesse

la batterie bat
les barreaux
la voix répand le grain
chaud-froid des textes

un prisonnier écrit pour tenir
pas pour s'évader
pour construire
dedans un dehors

Jean Zay ne bégaie pas, Albertine Sarrazin dit la douleur enfermée, Oscar Wilde asperge tout de jus acide
Regarde, dit-il, regarde ce que tu fais, toi libre et souverain de ta disponibilité
si tu savais ce que je souffre, combien tu jouirais d'être

album « Cellule », 16 octobre 2015 
( https://polymorphie.bandcamp.com/album/cellule)